L’atelier « La fabrique des traducteurs », le départ des jeunes traducteurs franco-chinois

来源:CRI

作者:CRI

2018-05-18

Pour la toute première fois de son histoire, « La fabrique des traducteurs » se propose de voyager en France et en Chine ! Loin d’être un voyage-découverte pour les traducteurs, ce programme est l’occasion d’approfondir leur maîtrise de la langue mais aussi et surtout de s’imprégner de la culture si différente de l’autre pays afin de rendre leurs traductions plus riches encore.

  Du 19 mars au 19 mai 2018 en France (Paris et Arles) puis en Chine (Beijing et Nanjing), les 6 traducteurs sélectionnés (3 français et 3 chinois), membres de la promotion Sylvie Gentil, préparent chacun des traductions d’ouvrages de littérature contemporaine.

  Cet atelier de la « Fabrique des traducteurs », organisé par Chinese Culture Translation and Studies Support (CCTSS), l’Association pour la promotion de la traduction littéraire (ATLAS) et le Service culturel de l’ambassade de France en Chine, est un programme innovant de professionnalisation, destiné à former des jeunes traducteurs d’excellence et à renforcer les échanges culturels entre la Chine et la France.

  Johanna Gayde, l’une des trois traducteurs français, est en train de traduire le roman de l’écrivain chinois Lu Nei, Jeune Babylone (《少年巴比伦》, Shaonian Babilun).

  Il y a six ans qu’elle commençait à apprendre le chinois à l’Institut national des Langues et Civilisations orientales (INALCO) à Paris. Sur un blog littéraire d’un professeur français, Johanna a fait connaissance de Lu Nei et était attirée par le style humoristique et profond de l’écrivain né en 1973 au sud de Chine. « Par le regard d’un jeune, Lu Nei raconte comment il voit la vie et le monde. Il a beaucoup d’humours et c’est très marrant », affirme Johanna Gayde. Pour elle, Jeune Babylone touche de façon profonde les sujets sociaux, surtout les changements économiques et sociaux en des années 90 en Chine. « En France on n’a pas encore présenté les œuvres au sujet similaire, je pense donc que c’est nécessaire de le présenter aux Français et ainsi commence la traduction », présente Johanna Gayde.

  Jeune Babylone est le premier roman en chinois que Johanna se met à traduire, elle a rencontré des tas de difficultés. « C’est assez oral, donc c’est le langage des jeunes. Il y a des expressions, un peu de dialectes, des mots grossiers des jeunes. Ce n’est pas le chinois qu’on apprend à l’université en France. Des fois, je comprends le sens en chinois, mais au moment de le passer en français, c’est un peu un défi de restituer l’émotion et la langue en français. »

  Ses pénibilités ont été réduites grâce aux aides des tuteurs de l’atelier franco-chinois « Fabrique des traducteurs ». « Quelquefois on est coincé sur un mot et quelqu’un d’autre propose un conseil, ce n’est pas encore parfait, mais ça amène d’autres choses comme un enchaînement», affirme Johanna.

  Wu Yannan est doctorante en littérature française à l’Université Paris III. C’était par hasard qu’elle avait découvert Nouons-nous et son auteur Emmanuelle Pagano lors d’un séminaire littéraire. Nouons-nous rassemble plus de deux cent cinquante extraits, avec des choses très personnelles, des anecdotes arrivées à des proches, des scènes de film…Selon Wu Yannan, il s’agit un livre dans lequel les relations amoureuses sont décrites à travers des petites scènes très concrètes du quotidien, loin des clichés. Face à un texte avec des fragments, langages poétiques, sensible et sérieuse, Yannan essaie de chercher à saisir le texte original avec les tuteurs pour trouver une meilleure expression en chinois. « La traduction littéraire nous demande de restituer les sens derrière les mots, c’est très exigeant à prendre le texte au pied de la lettre. Les tuteurs m’ont aidé à comprendre encore une fois le texte. Lorsqu’on fait la traduction, on est conscient qu’il reste toujours des mots qu’on n’a pas bien compris lors de la première lecture », indique Wu Yannan.

  Poète et traducteur de poésies de Pierre Reverdy, René Char, Yves Bonnefoy et Saint-John Perse, Shu Cai est l’un des trois tuteurs chinois pour l’atelier « La fabrique des traducteurs ». A travers les communications avec les trois jeunes traducteurs chinois, il estime que leur difficulté majeure réside dans l’expression en chinois. « La traduction reflète au fond la capacité d’écriture et le sens de la langue », a souligné Shu Cai. Pour cela, il insiste sur la lecture littéraire en langue maternelle. « En apparence, la lecture en langue maternelle n’a pas de rapport à la traduction littéraire. Mais une lecture suffisante aidera à renforcer la sensibilité au chinois », note Shu Cai.

  Au programme de l’atelier « La fabrique des traducteurs », on retrouve la visite au Salon du livre de Paris, aux maisons d’édition des deux pays et des rencontres avec les traducteurs et éditeurs émérites. En dehors des séminaires et tutorats, l’atelier a permis à ces débutants sur le métier de traducteur d’appréhender le paysage de traduction et de l’édition littéraire. Pour Wu Yannan, « La traduction littéraire est un travail intéressant et noble, dont la difficulté n’est pas du tout moins que celle de la création et la recherche littéraires. » Face à l’existence actuelle des traducteurs, Yannan a ses propres réflexions : « Si on pouvait gagner sa vie par la traduction, ce travail devrait être idéal, parce qu’on peut puiser toute sa vie à lire. Chaque pays a besoin de la traduction littéraire, ce doit être très malheureux sans la traduction littéraire. Sans l’accès aux cultures extérieures, un pays se coince dans l’état de la fermeture. »

  « J’espère que ces jeunes aient vraiment une volonté de s’engager dans la traduction littéraire, parce qu’il y a de nombreuses ouvrages entre nos deux pays qui méritent d’être traduits », indique Shu Cai.

  Après deux mois de travail intense, l'édition 2018 de « La fabrique des traducteurs français-chinois ATLAS-CCTSS » prendra fin à l'Université de Nanjing, le 18 mai 2018. Une journée entière, dédiée à de nouvelles discussions et réflexions autour de la traduction, sera organisée pour clôturer comme il se doit cet enrichissant programme de formation.

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